Project
Back to overview
La fabrique de l’énergoculture. Enjeux politiques des projets culturels dans le domaine de l’énergie : trois études de cas dans le Nord Est de l’Angleterre.
English title |
The making of energoculture. The politics of cultural projects in the energy sector: three case studies in North East England. |
Applicant |
Loloum Tristan
|
Number |
164923 |
Funding scheme |
Early Postdoc.Mobility
|
Research institution |
Department of Anthropology Durham Energy Institute Durham University
|
Institution of higher education |
Institution abroad - IACH |
Main discipline |
Ethnology |
Start/End |
01.03.2016 - 30.11.2017 |
Show all
All Disciplines (4)
General history (without pre-and early history) |
Keywords (6)
patrimoine industriel; land art; pouvoir; énergoculture; tourisme; énergie
Lay Summary (French)
Lead
|
Cette enquête porte sur des projets culturels, patrimoniaux et touristiques visant à mettre en valeur des infrastructures énergétiques, qu’il s’agisse d’anciennes mines de charbon réaffectées pour d’autres usages récréatifs, de barrages hydroélectriques exploités à des fins touristiques, de sentiers pédestres au milieu de champs d’éoliennes, de circuits de visites dans des centrales nucléaires ou encore d’anciennes usines à vapeur transformées en musées. Cette étude est ainsi l’occasion d’analyser sociologiquement les représentations culturelles associées aux grandes infrastructures énergétiques, mais également d’interroger d’un point de vue critique les stratégies de relations publiques des fournisseurs d’énergie. Autrement dit, l’enquête traite des enjeux de pouvoir du secteur énergétique en les abordant au prisme des milieux culturels et touristiques.
|
Lay summary
|
Contenu et objectifs du travail de recherche Ce projet de recherche vise à mieux comprendre ce domaine émergeant d’activités culturelles consistant à utiliser les installations énergétiques comme des objets touristiques, artistiques ou patrimoniaux. Ces projets, que j'ai qualifié d'« énergoculturels », visent à susciter de nouvelles représentations des paysages énergétiques. Tout en encourageant la population à se réapproprier ce « patrimoine énergétique », paradoxalement, ces projets révèlent aussi le pouvoir des grandes compagnies productrices d’énergie, qui en sont les principaux sponsors. L’action culturelle dans le domaine de l’énergie est donc au carrefour d’intérêts stratégiques multiples et souvent contradictoires, impliquant à la fois les acteurs de l’énergie, les acteurs du tourisme et de la culture, les décideurs publics et les citoyens. Contexte scientifique et social du projet de recherche Effectuée au sein du Département d’Anthropologie de l’Université de Durham, cette recherche est centrée sur le Nord Est de l’Angleterre, un fief historique de l’industrie et de l’exploitation minière. L’enquête de terrain portera sur trois projets culturels mettant en valeur trois sources d’énergie différents (le charbon, l’hydraulique, le nucléaire) à travers trois modalités d’intervention culturelle différentes (l’art, le patrimoine ou le tourisme) : Northumberlandia, la maison Victorienne de Cragside et la centrale nucléaire de Hartlepool. L’analyse de ces projets énergoculturels sera l’occasion d’aborder les défis d’une région fortement marquée par la crise industrielle mais aussi très innovante, tant dans la recherche de nouveaux systèmes énergétiques que dans la quête d’un renouveau économique et culturel.
|
Responsible applicant and co-applicants
Collaboration
Co-founder/ Energy Anthropology Network (EAN), European Association of Social Anthropologists (EASA) |
Italy (Europe) |
|
- in-depth/constructive exchanges on approaches, methods or results - Publication - Research Infrastructure - Exchange of personnel - Industry/business/other use-inspired collaboration |
Scientific events
Active participation
Title |
Type of contribution |
Title of article or contribution |
Date |
Place |
Persons involved |
Durham Anthropology Department ‘welcome/wrap-up seminar’
|
Talk given at a conference
|
Power on tour. Visitor policies and public relations of energy companies
|
08.06.2016
|
Durham, Great Britain and Northern Ireland
|
Loloum Tristan;
|
Self-organised
Knowledge transfer events
Active participation
Title |
Type of contribution |
Date |
Place |
Persons involved |
Communication with the public
Communication |
Title |
Media |
Place |
Year |
Associated projects
Number |
Title |
Start |
Funding scheme |
198018
|
Ethnographies of Power: a Political Anthropology of Energy |
01.07.2020 |
Open Access Books |
Abstract
Après avoir utilisé le feu pour cuire leur viande et se réchauffer, les hommes s’en sont servis pour se réunir et se raconter des histoires… Comment les infrastructures énergétiques influencent-elles la formation des collectifs humains et des États ? Plus qu’un enjeu environnemental et économique, l’énergie est un ciment culturel des sociétés. Ce projet de recherche s’intéresse à un domaine émergeant d’activités culturelles consistant à utiliser les installations énergétiques comme des objets touristiques, artistiques ou patrimoniaux : « safaris » dans des mines désaffectées, land art associés à des barrages hydroélectriques, sentiers didactiques dans des champs d’éoliennes, visites de centrales électriques, musées du pétrole ou du charbon, restauration de vieux moulins, etc. Tous ces projets, que j'ai qualifié d'« énergoculturels », destinés aussi bien à des professionnels de l’énergie qu’à des particuliers en quête d’expériences originales alliant paysages modernistes et contenus pédagogiques, visent à susciter de nouvelles représentations des paysages énergétiques, en renvoyant les visiteurs au gigantisme architectural, au génie et au travail humain, à l’innovation technologique et à la durabilité des ouvrages énergétiques plutôt qu’à l’image de pollution et de risque industriel à laquelle la production d’énergie est habituellement associée. Tout en encourageant la population à se réapproprier ce « patrimoine énergétique », paradoxalement, ces projets révèlent aussi le pouvoir des grandes compagnies productrices d’énergie, qui en sont les principaux sponsors. Ils peuvent également éveiller de nouvelles controverses, que ce soit de la part des écologistes ou des riverains qui y voient une tentative de maquiller les effets néfastes de la source d’énergie en question ; de la part des fournisseurs inquiets pour l’intégrité de leurs équipements, la sécurité du public et le secret industriel ; ou de la part des travailleurs et des habitants de la région qui ne se reconnaissent pas dans l’esthétique ou le message du projet proposé. L’action culturelle dans le domaine de l’énergie est donc au carrefour d’intérêts stratégiques multiples et souvent contradictoires. Pour les acteurs de l’énergie, il peut s’agir d’instruments de relations publiques visant à redorer l’image de la marque, fidéliser la clientèle (a fortiori dans un contexte de libéralisation du secteur), améliorer les relations avec les populations environnantes, ou encore faire œuvre philanthropique dans le cadre de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE). Pour les acteurs du tourisme, engager des partenariats avec les multinationales de l’énergie est souvent l’occasion de créer de nouvelles offres et de trouver des soutiens financiers particulièrement bienvenus en période de restrictions budgétaires. Pour les décideurs publics, de tels projets peuvent être des leviers économiques, participer à la promotion du territoire et à la diversification de l’économie, tout en augmentant la réflexivité énergétique des visiteurs en les sensibilisant aux défis de l’énergie. Enfin, le patrimoine industriel énergétique peut constituer un véritable ciment identitaire et mémoriel pour les populations locales, en particulier dans les régions où l’industrie reste un pilier de l’histoire collective. Dans la continuité de recherches portant sur les enjeux sociaux et politiques de l’énergie (Nader, 2010), ce projet cherche à comprendre le rôle de l’action culturelle dans la production de normes et valeurs associées aux infrastructures énergétiques. Le terme proposé « d’énergoculture » se réfère à un champ émergeant d’activités situées à l’intersection de l’action culturelle et de la production énergétique : projets touristiques, patrimoniaux ou artistiques impliquant les infrastructures énergétiques en vue de promouvoir de nouvelles expériences, représentations et connaissances auprès du public (Frantál et Urbánkova, 2014 ; Lopez, 2014 ; Brun, 2004 ; Tornatore, 2004). Une hypothèse explorée dans ce travail est que l’influence grandissante des acteurs de l’énergie dans la vie culturelle est révélatrice d’un nouveau « régime énergopolitique », un champ de pouvoir à la jonction des agences gouvernementales et des entreprises énergétiques (Rogers, 2014). En effet, si la gestion de l’énergie a toujours eu partie liée avec le gouvernement des populations et la formation des Etats (Mitchell, 2013), le contexte actuel de « transition énergétique » (rareté des hydrocarbures, crise du nucléaire, défis des énergies renouvelables, libéralisation des marchés) et de recul de l’État-Providence est propice à l’émergence d’un nouvel « énergopouvoir » (Boyer, 2014). Ce projet de recherche s’inscrit également dans la continuité de mes travaux de thèse, qui considèrent le tourisme (Loloum, 2015a, 2015b, 2013 ; Aledo et al. 2013, 2015) et le patrimoine (Loloum et Lins, 2012) comme des révélateurs des évolutions sociohistoriques et des luttes politiques d’une région donnée. Centrée sur le Nord Est de l’Angleterre - un fief historique de l’industrie et de l’exploitation minière - l’enquête porte sur trois projets culturels mettant en valeur trois sources d’énergie (le charbon, l’hydraulique, le nucléaire) à travers l’art, le patrimoine ou le tourisme : 1) Northumberlandia, une sculpture paysagère réalisée à proximité de Newcastle à partir des résidus d’une mine de charbon à ciel ouvert; 2) la maison Victorienne de Cragside, la première au monde entièrement éclairée à l’énergie hydraulique ; 3) le controversé circuit de visites de la centrale nucléaire de Hartlepool. L’analyse de projets énergoculturels dans le Nord Est de l’Angleterre sera une manière d’aborder les défis de ce territoire fortement marqué par la crise industrielle mais aussi très innovant, tant dans la recherche de nouveaux systèmes énergétiques que dans la quête d’un renouveau économique et culturel pour les anciennes friches de l’industrie (Bailoni, 2007 ; Siméon, 2014 ; Howard et Hannam, 2010).
-