Il existe un large consensus politique sur le télétravail comme moyen de mettre en œuvre la transition vers une mobilité durable en diminuant le nombre de déplacements, la congestion des infrastructures et la consommation d'énergie. Mais les choses sont-elles vraiment aussi évidentes en ce qui concerne les différentes formes de mobilité spatiale ? Dans le cadre de cette recherche, nous souhaitons développer une vision critique des liens entre les pratiques de télétravail et les mobilités résidentielles et quotidiennes. Nous proposons ainsi d'évaluer les éventuels "effets rebond spatio-temporels" du télétravail. Ce projet vise à répondre à trois questions de recherche : (1) "Où les gens travaillent-ils ? Cette question n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît à première vue. Des tendances telles que l'augmentation des temps et des distances de déplacement, le potentiel de la numérisation ainsi que les restructurations économiques (la transition vers une économie de la connaissance) et les changements sur le marché du travail (les contrats de courte durée, les emplois à temps partiel) montrent que le lieu où les gens travaillent est en train d'être redéfini. Trois formes principales de télétravail peuvent être identifiées : Le télétravail à domicile (y compris résidence secondaire), le télétravail itinérant (par exemple dans le train) et le télétravail dans des tiers-lieux (dédiés, comme les espaces de co-working, ou non, comme les cafés) (2) "Quels sont les effets du télétravail sur la mobilité quotidienne et résidentielle ?" Cela soulève la question d'un éventuel "effet rebond spatio-temporel". En d'autres termes, la réduction de la fréquence des trajets domicile-travail pourrait générer d'autres tendances (par exemple, une plus grande tolérance à la pendularité de longue distance, une augmentation des trajets pour d'autres motifs, une tendance à la multirésidentialité, une diminution de la mobilité résidentielle). (3) "Pourquoi les gens télétravaillent-ils ? Cette question porte sur les motivations, les incitations et les arbitrages qui conduisent au télétravail ainsi que sur sa temporalité. Nous prévoyons d'analyser la pratique du télétravail dans une perspective de parcours de vie qui permet de structurer les différentes sphères qui constituent la biographie d'un individu (famille, éducation, travail, logement, etc.) et les événements clés qui peuvent conduire au télétravail. Une première partie du projet analysera le Microrecensement mobilité et transports ainsi que l'Enquête suisse sur la population active. Nous organiserons ensuite une enquête représentative à l'échelle nationale (n=5 000) pour évaluer les pratiques de mobilité et de télétravail sur une base hebdomadaire et le choix des lieux de résidence et de travail. Enfin, 30 entretiens biographiques aborderont en détail les pratiques de télétravail et de mobilité.
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