Project

Discipline

History of South Asia; Colonial India; Gender studies; Customs; Personal Law; Hinduism; Islam; Religious identity; Communalism; Nationalism; Colonial politics

Lead
Au cœur des luttes nationalistes de l’Inde britannique apparaissent les périodiques féminins en hindi et en ourdou. Les femmes indiennes s’approprient ce nouveau medium pour prendre part aux jeux de pouvoir politique et aux débats concernant leurs droits.
Lay summary
Au tournant du XXème siècle, la presse féminine indienne devient un lieu de débats concernant les pratiques coutumières et les droits des femmes. Entre les forces nationalistes et impérialiste, les femmes hindoues et musulmanes s’engagent dans les controverses relatives aux Hindu et Muslim Personal Laws. Ces lois, issues des traditions religieuses, ont façonné les frontières des communautés nationales. Aussi, cette recherche propose d’étudier les controverses autour des règles coutumières dans la presse féminine et de considérer leur influence sur la sphère publique indienne. Dans un premier temps, il s’agira d’analyser les discours relatifs au droit de propriété et d’héritage, aux règles concernant le voile ou la réclusion et au droit de vote, qui paraissent entre 1907 et 1927 dans les journaux Stri Darpa? et Ca?d (hindi), Tahzib-i-niswan et Khatun (ourdou). Dans un second temps, l’analyse de ces discours permettra de questionner l’investissement politique des indiennes et les implications de cette nouvelle forme de communication sur la société du nord de l’Inde.  Les approches historiques et l’analyse littéraire permettent d’appréhender le développement des discours et la circulation des idiomes qui participent à la réactualisation des identités religieuses des communautés hindoues et musulmanes. Cette étude met en lumière les contributions actives et subversives des femmes indiennes aux combats pour l’Indépendance, pour leurs droits et offre ainsi un regard renouvelé sur l’historiographie indienne.

Direct link to Lay Summary

Last update: 07.04.2020

Active participation

Active participation

Au cœur des luttes nationalistes de l’Inde britannique, les droits des femmes indiennes sont instrumentalisés tant par l’État colonial que par les réformateurs indiens, hindous et musulmans. La codification des coutumes entreprise par l’administration britannique dès 1772 dans le système des Hindu and Muslim Personal Laws - ensemble de lois religieuses qui régissent les rapports dans la sphère familiale - met en lumière l’importance du droit de propriété, de l’héritage et des règles de « respectabilité » (le voile ou la réclusion) pour l’accès au droit de vote des femmes et pour leur participation aux jeux de pouvoir politique. Souvent perçues comme des victimes muettes et voilées d’une société oppressive, les femmes indiennes ont pourtant pris la parole et se sont mobilisées pour la reconnaissance de leurs droits. Les périodiques féminins en hindi et en ourdou qui apparaissent dès la fin du XIXème siècle sont les témoins oubliés de la participation des indiennes, hindoues et musulmanes, aux débats publics et de l’entrée des voix féminines dans la sphère publique de l’Inde coloniale. Les discours sur ces pratiques publiés dans ce nouveau medium ont de même participé à la construction identitaire des communautés religieuses, hindoue et musulmane. De fait, cette recherche propose, d’une part, d’étudier les controverses autour des règles coutumières affiliées aux traditions religieuses dans les périodiques féminins du Nord de l’Inde ente 1907 et 1927 et d’autre part, de comprendre les enjeux liés à la presse en langues vernaculaires dans la participation politique des femmes. Cette mise en perspective amènera à considérer le développement et l’influence des débats qui prennent forme dans ces journaux féminins en langues vernaculaires sur la création de communautés nationales, hindoues et musulmanes.