Project
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Perception des spécificités phoniques du français de Suisse romande et de ses variétés. Le cas des voyelles et de l’accentuation pénultième
English title |
Perception of pronunciation variation in French-speaking Switzerland. The case of vowels and penultimate accentuation |
Applicant |
Avanzi Mathieu
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Number |
161040 |
Funding scheme |
Return CH Advanced Postdoc.Mobility
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Research institution |
Language Technology Laboratory Department of Linguistics University of Geneva
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Institution of higher education |
University of Geneva - GE |
Main discipline |
Romance languages and literature |
Start/End |
01.09.2015 - 31.08.2016 |
Approved amount |
49'372.00 |
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Keywords (8)
Prononciation; Voyelle; Suisse romande; Français régional; Crowdsourcing; Accentuation ; Français de Suisse romande; Pénultième
Lay Summary (French)
Lead
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Ce projet vise à décrire les particularités de prononciation qui caractérisent le français parlé en Suisse romande, notamment sous l'angle de la prononciation des voyelles (p. ex. les Romands font-ils encore une différence entre /a/ de "pâte" et celui de "patte") et de l'intonation (les Romands élèvent-ils systématique la voix sur l'avant-dernière syllabe des groupes de mots ?)
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Lay summary
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Plus précisément, notre recherche poursuit deux grands objectifs : (i) cartographier des variantes cantonales de prononciation des voyelles du français de Suisse romande ; (ii) évaluer le rôle de l’accentuation pénultième comme marqueur perceptif de l’accent suisse romand en français. L’analyse reposera sur les résultats d’expériences de perception conduites en ligne, et impliquant des participants « naïfs » (i. e. non phonéticiens) répartis sur l’ensemble des 7 cantons de Romandie. Compte tenu des objectifs visés et de la période subsidiée (12 mois), nous utiliserons pour ce faire la technique du crowdsourcing, qui consiste à s’appuyer sur de larges réseaux d’internautes pour réaliser une enquête. Cette technique nous permettra d’avoir accès aux jugements d’un grand nombre de participants, de tous âges et de différents niveaux socioéducatifs, et cela dans un temps relativement court. Les résultats relatifs à l’analyse des voyelles devraient permettre de représenter commodément des faisceaux d’isoglosses, dont les limites varieront, outre en regard des frontières géographiques, en fonction du profil socioéconomique des informateurs (sexe, âge et niveau socioéducatif). Les résultats permettront également d’envisager l’évolution du système en établissant un point de comparaison avec des études menées à la fin des années 70. Quant aux résultats relatifs à l’accentuation pénultième, ils devraient permettre de valider scientifiquement l’hypothèse selon laquelle l’accentuation pénultième est une marque prosodique de l’accent romand sur le plan de la perception, mais aussi de mieux comprendre les ingrédients acoustiques (F0 et/ou durée) impliqués dans la perception d’un tel phénomène.
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Responsible applicant and co-applicants
Employees
Collaboration
Université de Strasbourg |
France (Europe) |
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- in-depth/constructive exchanges on approaches, methods or results |
Scientific events
Active participation
Title |
Type of contribution |
Title of article or contribution |
Date |
Place |
Persons involved |
Une approche crowdsourcing de la variation régionale en français
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Talk given at a conference
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Présentations des enquêtes : ‘le français de nos régions’
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23.10.2015
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Strasbourg, France
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Avanzi Mathieu;
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Communication with the public
Communication |
Title |
Media |
Place |
Year |
Media relations: radio, television
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Les accents
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Tribu, RTS
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Western Switzerland
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2016
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Associated projects
Number |
Title |
Start |
Funding scheme |
164811
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Citizen Linguistics |
01.03.2016 |
Agora |
147781
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Recherches sur l'accentuation et le phrasé de quelques variétés de français régional |
01.06.2014 |
Advanced Postdoc.Mobility |
Abstract
Pour reconnaître un Suisse parlant français, en dehors de tout autre indice lié au lexique, les francophones d’Europe et d’ailleurs se basent sur la prononciation du locuteur, ou ce que l’on nomme communément son « accent ». Dans sa forme stéréotypée, telle qu’elle est reprise dans les sketches humoristiques et les publicités télévisées, l’accent suisse est assez bien (re)connu des Francophones vivant hors du territoire helvétique. Dans la pratique toutefois, les faits sont plus complexes, et l’hypothèse selon laquelle il n’y a qu’un seul accent suisse romand est difficilement tenable. Les Helvètes distinguent en effet différents accents à l’intérieur de la Romandie, et opposent, à des degrés divers, l’accent fribourgeois, l’accent valaisan, l’accent genevois, l’accent neuchâtelois, etc. Certains locuteurs arrivent même à faire la différence entre des locuteurs habitant la même région. Dans le canton de Neuchâtel par exemple, on entend souvent dire que les Neuchâtelois du Bas (ville et littoral) ont un accent différent des Neuchâtelois du Haut (Chaux-de-Fonds et alentours). Sur le plan phonique, les indices qui participent à la perception de l’accent Suisse romand et de ses variétés touchent essentiellement à deux ensembles de faits. Des faits segmentaux, qui concernent surtout l’articulation des voyelles ; et des faits suprasegmentaux, qui sont essentiellement liés au débit (vitesse à laquelle on parle) et à l’accentuation (élévation de la voix sur une syllabe donnée, et/ou allongement de la durée de celle-ci). Au niveau segmental, les Romands ont conservé un système vocalique plus riche que les Français. Beaucoup de Romands continuent d’opposer les voyelles brèves et les voyelles longues (ainsi, la forme masculine de l’adjectif « nu » est prononcée avec une voyelle brève, /y/, alors que sa forme féminine « nue » est prononcée avec une voyelle longue, /y:/). Beaucoup continuent également à distinguer /o/ et /O/ en syllabe ouverte finale de mot (le /o/ du mot « peau » est fermé, alors que celui du mot « pot » est ouvert, /O/). Toutefois, le maintien ou la chute de telle ou telle opposition vocalique dépend pour beaucoup de l’origine cantonale du locuteur : à Genève par exemple, on ne fait plus la distinction à l’oral entre la « peau » et « pot » (les deux sont prononcés avec un /o/ fermé), et à Fribourg les oppositions entre voyelles brèves et longues ne se retrouvent que dans un certain contexte. Au niveau suprasegmental, les Romands auraient tendance, et cela peu importe leur canton d’origine, à accentuer la pénultième, c’est-à-dire l’avant-dernière syllabe, de certains mots, contrairement aux Français qui, eux, placent l’accent tonique uniquement sur la dernière syllabe des mots. L’étude de la variation cantonale de la prononciation des voyelles n’a pas fait l’objet d’enquêtes de grande envergure depuis les études fondatrices de Métral et de Schoch, menées à la fin des années 70. Or, du fait de l’influence grandissante des médias de masse et devant leur dynamique dans les processus de standardisation, les variétés de français parlées en Suisse romande n’ont plus le même visage aujourd’hui que dans les années 70. Quant à l’étude sur l’accentuation pénultième, c’est essentiellement sous l’angle de la production qu’elle a été étudiée. Son importance dans la perception de « l’accent suisse » reste donc à prouver scientifiquement. Dans ce contexte, notre recherche vise deux grands objectifs : (i) cartographier des variantes cantonales de prononciation des voyelles du français de Suisse romande ; (ii) évaluer le rôle de l’accentuation pénultième comme marqueur perceptif de l’accent suisse romand en français. L’analyse reposera sur les résultats d’expériences de perception conduites en ligne, et impliquant des participants « naïfs » (i.e. non phonéticiens) répartis sur l’ensemble des 7 cantons de Romandie. Compte tenu des objectifs visés et de la période subsidié, nous utiliserons pour ce faire la technique du crowdsourcing, qui consiste à s’appuyer sur de larges réseaux d’internautes pour réaliser une enquête. Cette technique nous permettra d’avoir accès aux jugements d’un grand nombre de participants, de tous âges et de différents niveaux socioéducatifs, et cela dans un temps relativement court. Au final, les résultats relatifs à l’analyse des voyelles devraient permettre de représenter commodément des faisceaux d’isoglosses, dont les limites varieront, outre en regard des frontières géographiques, en fonction du profil sociologique des informateurs (âge et niveau socioéducatif). Les résultats permettront également d’envisager l’évolution du système en établissant un point de comparaison avec des études déjà anciennes. Quant aux résultats relatifs à l’accentuation pénultième, ils devraient permettre de valider scientifiquement l’hypothèse selon laquelle l’accentuation pénultième est une marque prosodique de l’accent romand sur le plan de la perception, mais aussi de mieux comprendre les ingrédients acoustiques (F0 et/ou durée) impliqués dans la perception d’un tel phénomène.
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