Le long de la ceinture sahélo-soudanienne, des formations énigmatiques, fortement enrichies en carbonate de calcium, sont observées sous des pédiments. L’érosion ayant cours aujourd’hui révèle des formes de monticules tronqués ou aplatis. L’une des caractéristiques la plus intrigante, et sans aucun doute la plus importante en termes de cycles biogéochimiques, consiste en une abondance extrême de nodules calcaires de formes très diverses, alors que le premier affleurement calcaire est à plus de 1000 km. Bien qu’observés dès les années 50 par des chercheurs français, ces formations carbonatées tropicales n’ont fait l’objet d’aucune étude approfondie. Leur origine reste donc inconnue, bien que leurs caractéristiques puissent être associées à celles observées en présence de plantes, de termites, ou de sols particuliers appelés Vertisols (sols contenant de fortes proportions d’argiles gonflantes). Les résultats préliminaires pointent vers la présence de paléo-vertisols (donc des sols fossiles) qui auraient été associés à une végétation tout à fait spécifique. Les recherches qui vont être conduites proposent de viser plusieurs objectifs à différentes échelles : i) évaluer la répartition géographique du phénomène, ii) s’intéresser aux sources des matériaux, en particulier le carbone et le calcium, iii) de proposer un cadre chronologique absolu en utilisant les datations au carbone 14, les séries isotopiques Uranium-Thorium, et une technique récente, la luminescence par stimulation optique sur certains silicates. De plus, cette approche se complète de l’étude fondamentale du cycle du calcium et du carbone au moment de la génération des nodules, de façon à établir si ces formations ont agi ou non comme puits de carbone. Les résultats serviront indubitablement à résoudre certaines questions soulevées par les paléosols carbonatés qui se sont formés dans le passé dans des environnements dénués de tout apport de calcaire, et ce, en relation avec les anciennes pressions partielles de gaz carbonique atmosphérique.
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