Ce projet observe l’évolution des relations entre noirs francophones et américains durant la période de l’Entre-deux-guerres. Batouala, un roman de René Maran qui se voit attribuer en 1921 le prix Goncourt, The New Negro, une anthologie culturelle publiée en 1925 visant à décrire pour le public américain la communauté noire des Etats-Unis, et Banjo, un roman de Claude McKay publié en 1929 et traduit en français en 1931, constituent autant de jalons sur la route de la Négritude, ce mouvement culturel théorisé par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor qui, à ces débuts, proposa une vision transnationale de la race noire.
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Dans un premier temps, la thèse examine la publication et la réception aux Etats-Unis de Batouala de René Maran, récipiendaire du Prix Goncourt 1921. Un second chapitre analyse la vision de l’Afrique proposée dans The New Negro, l’anthologie qui sera perçue comme une pièce essentielle dans la définition des buts du mouvement culturel noir américain que l’on a appelé « Harlem Renaissance ». Ces deux parties démontrent que jusqu’au milieu des années 1920, malgré l’apparente importance des relations internationales entre la communauté noire francophone et américaine, les instigateurs de ces rencontres sont encore focalisés sur leurs appartenances nationales respectives. Une troisième section se concentre sur le roman de Claude McKay, Banjo, afin de décrire le mouvement de rejection de la civilisation occidentale qui s’opère à travers les pages de ce livre pour aboutir à une appréhension humaniste de la race noire. Le dernier chapitre montre comment, à partir de cet ouvrage, les écrivains de la Négritude, et en particulier Aimé Césaire, vont théoriser une vision transnationale de leur race. D’une collaboration internationale visant à résoudre des problèmes à l’échelle nationale, les relations entre noirs francophones et américains ont évolués vers une vision cosmopolite et humaniste de leur race. Ce projet combine la recherche en archive avec une lecture minutieuse des textes considérés et de leurs traductions. L’importance de ressources telles que les journaux de l’époque et les échanges épistolaires entre les intellectuels participant à ce mouvement situe ce projet dans un cadre historico-culturel qui supporte et sous-tend l’analyse littéraire. Ce projet contribue à une meilleure compréhension des échanges postcoloniaux et des connections transnationales qui caractérisent l’Entre-deux-guerres et, de manière plus large, à une vision plus claire des forces qui peuvent influencer les relations internationales de tout genre, hier comme aujourd’hui.
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