Le mouvement féministe de la deuxième vague qui apparaît dans les années 1970 s'est caractérisé par la revendication de la dimension politique de la sphère privée. Il semble dès lors pertinent de s'interroger sur le déplacement des valeurs, des références et des pratiques produites collectivement dans ce mouvement social vers le terrain de la vie personnelle et familiale de ses participantes. Plus précisément, c'est la question des processus de transmission familiale d'un engagement politique, et a fortiori féministe qui se trouve au cœur de ce projet de recherche. Partant de l'hypothèse qu'il existe dans les familles des militantes féministes un processus de socialisation politique féministe découlant de leur engagement, l'enjeu de ce travail consiste à l'analyser, en cherchant à isoler les produits de la socialisation féministe, les vecteurs par lesquels elle s'effectue, ainsi que ses effets sur les enfants des militantes. Le dispositif méthodologique élaboré repose sur des méthodes variées : travail sur archives, enquête par questionnaire rétrospectif et campagne d'entretiens appariés. L'objectif de ce projet est double : il s'agit, sur un plan théorique, d'articuler la question des incidences biographiques de l'engagement avec celle de la socialisation politique et de la transmission familiale intergénérationnelle ; et d'autre part, de produire une socio-histoire du mouvement féministe de la deuxième vague et de ses participantes.
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